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UNE POUR 3, 3 POUR UNE !

Wild Wonder Woman, Totem de femmes, 2019

© Wild Wonder Woman

Le trois, c’est le chiffre magique. La trinité, les Parques, les Totally Spies. C’est un chiffre d’équilibre, de plénitude. Le « totem de femmes » collé à même le mur d'une rue par Wild Wonder Woman est constitué de trois femmes. En apparence assez semblables : elles partagent la même chevelure rose foisonnante, englobante, et partagent des couleurs, des traits communs. S’agit-il de représentations d’une seule et même femme ? Chacune des figures a pourtant ses propres particularités et attributs. Elles sont peut-être le reflet de la multitude des forces et personnalités qui nous constituent aux différents moments, dans nos différents états. Car non, les femmes ne sont pas une et unique, jamais le reflet exact de leur apparence, saisissable et réductible à une seule identité. Elles évoluent et se dévoilent à travers le temps.

Alors ces trois femmes correspondraient-elles à trois facettes, trois moments, de la même femme que l’on lirait du bas vers le haut ? La figure du bas a les yeux bien ouverts et se lie activement et charnellement à la femme du dessus. Elle a une poitrine, une vulve, une pilosité bien à elle. La figure du milieu adopte, elle, une posture plus méditative, spirituelle, toujours dans une corporalité bien à elle. Le mouvement de ses bras appelant à la réflexion nous mène à la figure du haut, elle, bien éveillée et alerte. Cette dernière est la partie é-mergée de l’iceberg. La partie la plus facilement accessible mais inséparable de celles qui sont cachées et la constituent de l’intérieur.

Ainsi, comme si elle se refermait, passant du plus intime et ouvert à la base au plus partagé et fermé en apparence au sommet, l’œuvre suit le mouvement d’une fleur qui éclot, s’ouvre et se ferme. Elle suit l’ouverture des niveaux d’intimité et de profondeur d’une seule et même femme. La chevelure rose, comme un indice, est partagée et parsemée de dessins de fleurs ouvertes. Les fleurs sont absorbées par l’unicité de la couleur mais elles sont bien là, ouvertes pour qui veut bien les voir.

Une femme peut être multiple. Le multiple peut converger en une. C’est ainsi que le totem devient le symbole du multiple. Le multiple en nous et le multiple que nous créons de par notre association comme ces trois femmes. Elles sont, avec leurs particularités physionomiques, unies dans leur diversité. Elles sont corporellement et spirituellement liées. Ce totem est alors un totem magique qui accompagne les femmes. C’est une amulette faite de symboles : de fleurs qui poussent comme des vulves, inarrêtables. Pour ne plus jamais être seule.

Quel meilleur emplacement pour cette amulette rappelée à nous que l’espace public, la rue où une femme seule est souvent jugée proie ? Où elle doit tantôt s’ouvrir ou se fermer sur elle-même pour correspondre, susciter ou ne pas susciter le regard. En somme, toujours se comporter en fonction des autres. Ce « totem de femmes » est un totem pour protéger le jardin secret présent en chacun.e de nous, pour le cultiver, l’écouter, apprendre à le connaître et l’exprimer. Le jardin secret, dans ce qu’il a de plus charnel, mais aussi dans son intimité spirituelle, son imaginaire.

Le totem n’est pas un, il est multiple comme nous. Il invite à célébrer les corps, les forces, et diffuse, de par les couleurs et le trait fin, simple, évident, presque enfantin utilisé, une sensation de sérénité et de douceur. Une sérénité et un équilibre des personnalités qui enrichissent et constituent l’être de chaque femme comme de chaque être. Une sérénité et un équilibre dans la sororité.


Wild Wonder Woman, Totem de femmes, 2019

Collage urbain

Paris, 4ème arrondissement

Instagram : wild_wonder_woman

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