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La RELIGION DES TEMPS MODERNES

Laure Prouvost, Holding as one stain glass fragments, 2020


On a devant le vitrail de Laure Prouvost comme la sensation de surprendre un ébat – ou est-ce une lutte - un corps à corps entre ce qui semble être un poulpe et une figure humaine – a priori féminine. Et cette rencontre dégage une énergie très érotique. Il est question de rencontre– celle avec la sensualité de son propre corps - et celle du corps de l’autre, du différent.


Les éléments du vitrail par nature disparates et cloisonnés ne forment qu’un ici. « Holding as one » : les fragments se « tiennent » ensemble pour ne former qu’un, ils « se tiennent » dans les bras aussi. Nous sommes bel et bien en train d’assister à une fusion : celle du verre, dont le résultat sous forme de vitrail nous est donné à voir, et celles de deux corps. Ils sont liés, imbriqués, ils s’enfoncent l’un dans l’autre comme dans le fond chromatique foncé, un coussin douillet.


Le travail du verre revêt tout son sens symbolique et chimique : il a le pouvoir de saisir et de figer l’instant de fluidité, de mélange, d’alchimie entre deux corps et constitue ainsi l’un des matériaux de prédilection de l’artiste. L’on retrouve également son usage et la figure du poulpe, de l’eau, dans l’installation vidéo « They Parlaient Idéale » et l’exposition conçus pour le Pavillon français de la Biennale de Venise en 2019. « We should meet like the octopus » (« nous devrions nous rencontrer comme les poulpes »). Comme les fluides, comme l’eau, nous sommes partout, nous mélangeons nos ADN. Par notre nature organique, nous sommes lié.es au poulpe – symbole de sensualité évoquant les lèvres, les tétons - au vivant. Comme lui, nous expérimentons, voguons à travers le monde, les rencontres, les fluides. Nous disparaissons aussi et finiront par nous éteindre, étreindre.


Par le rapprochement charnel entre la figure du poulpe et une figure humaine, l’artiste propose ainsi une nouvelle mythologie de la vie, de la rencontre.


Le choix du vitrail, art attaché au religieux par excellence, n’est peut-être pas anodin.


Pourquoi ne pas penser une nouvelle religion, une mythologie de la rencontre, de la fluidité ?



Laure Prouvost, Holding as one stain glass fragments, 2020

Vitrail

Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles


Visible dans le cadre de l’exposition « Deep See Blue Surrounding You / Vois ce bleu profond te fondre » présentée au LaM jusqu’au 3 octobre 2021


Vues d'exposition, LaM, 2021

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