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IL FAIT CHAUD !

Pauline François, Un nouveau monde s’offre à nous, 2020

Vues de l'exposition "Labo_demo#2", Centre Wallonie-Bruxelles, Paris

Comme une pochette surprise dont les confettis pourraient jaillir, l’emballage coloré, alléchant et le titre de l’œuvre de Pauline François « Un nouveau monde s’offre à nous » forment une promesse. Les couleurs sont festives, les palmiers reluisent et l’entrouverture du couvercle invitent à le soulever. Il faut se pencher pour découvrir la triste réalité.

Ce qui saute aux yeux est en effet de nature très différente. La promesse de l’emballage est vite déçue. Une vidéo recense une à une les images de publicité mettant en scène des femmes mangeant à pleine bouche des bâtonnets des glaces. Ces femmes sont similaires : jeunes, blanches, répondant aux canons de beauté actuels, elles lèchent une glace. Et elles sont l’air d’y prendre beaucoup de plaisir. La succession de ces images à caractère intime gêne. Et elle ne s’arrête pas. Elle rend indéniablement compte d’une réalité à l’œuvre quotidiennement : la sexualisation et l’objectivation du corps des femmes à des fins commerciales.

La promesse de ce « nouveau monde » est en fait celle du capitalisme et de la publicité. Comme ces femmes aux expressions organismiques, nous sommes sommés de prendre plaisir à la consommation de ces images et de la surmédiatisation des corps. Pourtant imaginée selon et pour un regard masculin hétéro-normé, la logique à l’œuvre est pleinement consciente et consentie par tous. Le corps de la femme fait vendre. L’équation est alors simple : comment associer cornets de glace et corps féminin ? En les sexualisant. Nul doute que les femmes et les glaces ont en commun leur caractère objectivable.

L’emballage, la publicité, le corps des femmes sont commercialisables. Ils sont associés pour faire vendre. Voitures, gels douche, glaces, électroménager, tout est prétexte à la diffusion d’images de femme dénudées et réduites au rang d’objet, comme ceux dont elles vantent les mérites. On sait à quel point les images formées par les médias modèlent et influencent chacun dans la perception des corps et de la société. La promesse du « nouveau monde » qui « s’offre à nous » et à laquelle nous confronte l’artiste revête un goût bien amer.


Au fond, qui est à vendre ?

Pauline François, Un nouveau monde s’offre à nous, 2020

Sculpture murale multimédia (tablette numérique, carton, piques de décoration palmier)

23,5 x 24 x 16 cm

Courtesy de l’artiste

Visible au sein de l’exposition « Labo_demo#2 » présentée dans le cadre de la saison 2020 « Futurs spéculatifs », au Centre Wallonie-Bruxelles, Paris, jusqu’au 30 août 2020



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