TU M'éBLOUIS

Léa Barbazanges, Cristaux, 2019

© Constellations, vues de l’installation au Domaine de Chaumont-sur-Loire Centre d’Arts et de Nature

Entre le minéral, le végétal et l’animal – est-ce de l’eau gelée, du corail, du pollen, du pelage ? – l’installation de Léa Barbazanges, constituée de panneaux de verre et de cristaux de calcite, nous invite à apprécier la finesse des traits naturels et organiques qui se dessinent dans ce qu’ils ont de plus pur et essentiel au niveau microscopique. La blancheur et les lignes qui en naissent sont d’une harmonie et d’une régularité fabuleuses. Elles sont le résultat d’un processus invisible à l’œil nu mais dont la manifestation est bien présente. Impossible alors de résister à faire le tour, à s’approcher, à s’interroger et, immanquablement, à contempler.

Les cristaux de calcite sont, au même titre que l’ensemble des minéraux, au fondement de l’apparition du vivant et au maintien de tout écosystème sur Terre. Comme des pierres précieuses - parmi les plus répandues à l’échelle de la planète et à l’importance fondamentale - ils luisent, rayonnent et diffusent la lumière blanche qui révèle leur aspect pur et brillant.

Car la lumière émane bien de l’intérieur. C’est la structure qui prend vie, qui nous appelle et non l’élément extérieur, l’œil du spectateur, qui la rend vivante. Elle existe et continuera à exister sans nous. On oscille alors autour de l’œuvre, comme happés par la lumière, par le détail et la finesse des traits. On est émerveillé par la blancheur de la lumière et par la beauté de ce qui nous est donné à voir. On pénètre un monde tout à fait imperturbable, suspendu, imperceptible. Et les origines de ce monde nous demeurent bien mystérieuses.

On ne peut en effet pas percevoir ce qui se cache derrière les panneaux et qui diffuse la lumière. Ils sont opaques. Pourtant la structure n’est pas fermée sur elle-même. Les panneaux ne sont pas scellés et opèrent bien un mouvement. Il y a même un jour. La structure est-elle en train de s’ouvrir ou de se recroqueviller sur elle-même ? L’installation s’offre en tout cas au regard, comme une invitation à percer ses secrets, à tenter de les saisir mais l’intérieur, l’au-delà, nous restent interdits. La lumière, et ce que la structure renferme, ne peuvent dès lors qu’être que devinés, imaginés, fabulés, bien que leurs effets soient bien visibles.

Nous sommes bel et bien aveuglés par l’harmonie et la beauté qui se dégagent de l’installation. Et nous le sommes peut-être plus encore par l’origine imperceptible de ces phénomènes naturels exposés ici dans leur plus pure vérité. Les cristaux saisissent la lumière et la diffusent. Ils forment la vie et la diffusent. Sans chercher à en percer les secrets, ni à les dénaturer, nous sommes invités à les découvrir et les contempler. Au risque d’être complètement éblouis.

Léa Barbazanges, Cristaux, 2019

Installation, cristaux de calcite, verre

Domaine de Chaumont-sur-Loire Centre d’Arts et de Nature

Visible dans le cadre de la Saison d’art 2020 jusqu’au 1er novembre 2020