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SUR LE VIF

Karen Lamonte, Seated Dress Impression With Drapery, 2007

Vue des collections permanentes du MusVerre, à Sars-Poterie, 2020

Présentée dans les collections du MusVerre, presque secrètement à l’entrée d’une alcôve plongée dans l’obscurité, la statue de verre - ou est-ce une apparition ? – de Karen Lamonte s’impose au regard et nous attire à elle, comme si la lumière en jaillissait.

Nous sommes alors subjugués par la blancheur, la transparence et l’esthétique fantomatique qui se dégagent de la silhouette dont on distingue ensuite les contours. Il s’agit de la silhouette d’une femme dont les traits sont dessinés par les drapés d’une robe à l’inspiration antique. L’étoffe – qui est pourtant constituée de verre - épouse les formes de ce corps féminin suggéré et inconnu.

Sa poitrine, ses genoux, ses pieds.

Pourtant la robe est vide de corps. Le drapé est le seul souvenir de son passage. La posture de la femme qui l’habite est relâchée, presque lascive, bien loin des poses antiques traditionnellement attribuées aux femmes. Celle-ci impose la présence d’un corps inconnu et contemporain, sans en dévoiler l’identité. Mais il est là.

Le titre de l’œuvre « Seated Dress Impression With Drapery » (« Impression de robe assise avec étoffe ») ne fait pas référence à la personne à qui appartiennent les traits mais semble bien donner à la robe, si ce n’est une vie, du moins une attitude humaine : c’est la robe qui est sujet de l’œuvre, elle est assise. Et pourtant elle demeure une « impression ». A l’image des draps qui impriment, respirent et se souviennent des corps absents, de leur silhouette, ce qui est saisi par l’artiste, c’est l’absence.

Figée dans le verre, comme les corps figés par la lave, elle dépasse toute temporalité et s’impose par son absence. A la manière d’un fantôme, elle est la manifestation physique d’un corps déjà absent mais demeure pourtant bien là. Comme animée par un souvenir, une « impression » laissée sur la pupille, sur les sens, elle semble légère et volatile, prête à disparaître, mais le matériau choisi par l’artiste, le verre, la rend immuable et lourde. Impossible à oublier.

Entre la présence et l’absence, le souvenir et l’impression, le mythe et la réalité, la robe assise sème le trouble mais s'impose par sa présence. Toujours. Inscrite dans le temps.

Elle saisit l’insaisissable.


Karen Lamonte, Seated Dress Impression With Drapery, 2007

Verre moulé

Collection du MusVerre

Visible au sein des collections permanentes du MusVerre de Sars-Poterie


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