Flora Moscovici, « Décoration, quelle horreur ! », 2020
Vues de l'exposition "Décoration, quelle horreur !", L’Académie de Maromme, 2020L’on entre dans l’œuvre de Flora Moscovici comme dans une palette de peinture. Et l’on en sort emplis de couleurs. L’installation in situ qu’elle propose au sein de l’ancienne demeure aux couleurs et à l’architecture de Normandie est un véritable dialogue entre les espaces laissés vides et la force de vie et de suggestion des couleurs. Elles jaillissent du sol au plafond et nous voilà immergés.
Au gré des pièces, de leur histoire, de leur usage et des suggestions de l’artiste, nous traversons les teintes, les dégradés de couleurs, les lumières et les atmosphères. Car l’œuvre de Flora Moscovici est avant tout une atmosphère.
Ce dégradé de rouge incandescent, que l’artiste a choisi pour faire écho au sol de carrelage écarlate de la pièce, donne l’impression qu’un feu s’anime dans la cheminée alors éteinte. Mais est-ce vraiment une cheminée ? La couleur lui donne une existence. Ce dégradé de vert et de bleu semble diffuser paisiblement la lumière extérieure, créer une ambiance feutrée et sereine. A quel point la couleur peut-elle être force de persuasion et déterminer notre perception, notre interprétation, notre bien-être au sein d’une pièce ? Ici, nul besoin de meuble pour suggérer la vie.
La salle d’entrée de l’exposition, entièrement repeinte dans un arc-en-ciel de couleurs, et dont les murs portent les traces du pistolet de peinture utilisé, dégage une énergie particulière. C’est une invitation qui s’offre à nous. Celle de danser. L’installation lumineuse et les néons fluorescents qui habillent l’espace suggèrent en effet l’éclairage des salles des discothèques réservées à l’ivresse de la danse et à l’oubli du jour. La pièce ne possède pas de fenêtres et nous sommes seuls en tête à tête avec la couleur, avec le geste de l’artiste, et si nous ressortions nous-mêmes couverts d’un arc-en-ciel des pieds à la tête, cela nous semblerait bien naturel.
La couleur suggère, connote sans jamais dénaturer. Elle invite à percevoir un univers qu’elle seule peut dessiner dans chacune des pièces de cette auberge où personne ne vit plus. Reste alors à se projeter dans ces espaces désespérément vides mais déjà pleins de sensations et de souvenirs.
Flora Moscovici, « Décoration, quelle horreur ! », 2020
Installation in situ
Peinture, néons
Eclairage de Nicholas Varelis
Visible à L’Académie de Maromme dans le cadre du festival « Normandie Impressionniste » jusqu’au 15 novembre 2020