Claire Tabouret, The last hours, 2019
© Constellations, vue de Claire Tabouret, The last hours, 2019, exposition « If only the sea could sleep », Hab galerie, Le voyage à Nantes, du 6 juillet 2019 au dimanche 15 septembre 2019
Au premier regard, on est ébloui par la lumière, la sensation d’harmonie, de chaleur, qui se dégage de l’œuvre. La mer, le mouvement calme des vagues, tout est paisible. On assiste à une scène d’harmonie entre deux êtres - on peut reconnaître les corps d’une femme et d’un homme - libres, nus, en toute confiance, transparents. Nus. Comme aux origines, un âge d’or perdu, idyllique ? La couleur les inscrit en tout cas dans l’infini.
Le coucher du soleil est le moment suspendu où les choses apparaissent sous leur vraie nature. Petit à petit quand on regarde de plus près, on entre dans leur histoire. Et les choses ne sont peut-être pas si paisibles que cela. On distingue en effet deux plans dans l’œuvre. Comme deux moments de leur histoire, un avant et un après : celui dans lequel s’inscrivent les figures, où les couleurs se répondent, se mélangent - est-ce leur passé, la trace de leur empreinte mêlée ? - et celui qui leur fait face, qui s’annonce, plus inconnu, imperceptible, indéterminé. Assiste-t-on à une fin ou un commencement ? Les deux figures sont face à un choix.
Les tâches d’encre visibles dans la partie inférieure de l’œuvre parsèment le chemin déjà parcouru. Est-ce l’histoire écrite ensemble, ou bien les fantômes et l’obscurité qui les hantent ? Ce qui s’annonce est-il plus lumineux, rieur ? Peut-être leur nudité révèle une histoire d’amour sans artifice où l’un évolue à côté de l’autre dans la même direction vers des lendemains ensoleillés. Comme les tâches d’encre qu’il reste à écrire, ce qui les attend est encore indéfini. Que va-t-il arriver ? Ils ne se donnent pas la main, ne se regardent pas. Seule la figure féminine semble orienter son regard en direction de l’autre. Elle est même en train de faire un pas vers l’avant. Son pied gauche enclenche un mouvement. La figure masculine reste quant à elle figée, arrêtée.
« The last hours », « Les dernières heures », que mentionne le titre de l’œuvre sont-elles les dernières heures du jour dont témoignent la lumière descendante et l’atmosphère de l’œuvre ? Ou les dernières heures des deux figures passées ensemble ? Comme le coucher du soleil, il s’agit peut-être de la fin d’une période. A l’image d’une amourette de vacances pour laquelle le coucher de soleil symbolise la fin de l’été et la reprise des vies de chacun, séparés. Ici les figures sont clairement un homme et une femme d’âge plus mûr. Mais les histoires d’amour ne connaissent pas de temps.
Le spectateur est libre d’interpréter les signes laissés çà et là par l’artiste. Peut-être autant de signes et d’interrogations pour signifier que la vie est cycles, variations, changements, rencontres, inconnu, renouveau ? En somme, couchers et levers de soleil.
Claire Tabouret, The last hours, 2019
Acrylique et encre sur papier
160 x 127 cm
Courtesy de l’artiste et Night Gallery
Vue à l'exposition « If only the sea could sleep », Hab galerie, Le voyage à Nantes, du 6 juillet 2019 au 15 septembre 2019
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