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MARCHER SUR L'EAU

Dorothy Napangardi, Salt on Mina Mina, 2007

Photo 1 : © musée des Confluences, Pierre-Olivier Deschamps - Agence VU’ © ADAGP
2 et 3 : vues de l’exposition « Soleils noirs », Louvre Lens, 2020

L’exposition « Soleils noirs » du Louvre Lens s’ouvre sur la toile grand format de Dorothy Napangardi. D’emblée une façon de se plonger dans le noir. Dans sa profondeur. Dans l’eau. Car le noir est ici celui d’un lac. Le titre nous l’indique : l’artiste représente le lac australien salé Mina Mina. La multitude des points blancs disposés un à un sur la toile serait-elle alors la représentation du sel, se détachant du fond, et s’alignant grain après grain à la façon de fils ? Nul besoin de détails narratifs ou figuratifs – est-ce du sel ou autre chose ? – pour apprécier les ondes que répand la toile.

La disposition ondulatoire des lignes que forment les points génère en effet une sensation de mouvement et provoque un effet d’optique. Les lignes se chevauchent et se distordent, créant des rythmes. Si bien que l’on croirait voir apparaître du relief dans l’œuvre. Les points blancs appliqués un à un semblent en tout cas sortir de la toile.

Comme des notes de musique sur une partition, les points se rejoignent en lignes, les lignes se rejoignent en ensembles, les ensembles forment une symphonie. Comme les ondulations de l’eau à sa surface, les points créent des vibrations. Nous sommes alors invités à nous projeter dans un univers onirique propice à l’imagination des sons et mouvements qui en découlent.

Les ondulations font appel à notre imaginaire. Chacun y apporte sa marque, son propre rythme. Comme si l’on marchait, suspendus, sur la surface de l’eau d’un lac qui garde et diffuse de façon éphémère la marque de notre passage. La marque des corps, de la danse, de leurs ondulations. L’artiste fait en effet référence à un épisode mythique : la création du lac salé Mina Mina par la danse d’un groupe de femmes ancestrales aborigènes. Le lac naît de la rencontre harmonieuse entre les éléments naturels et le pouvoir de création de ces femmes, leur danse, leur art.

L’œuvre Salt on Mina Mina fait alors clairement appel aux sens du spectateur qui s’y trouve plongé. Il expérimente un univers en trois dimensions dans la profondeur du noir, guidé par les chemins tracés de petits points blancs. Le chemin et les empreintes que ces femmes ont laissés sur le lac ? La marque du lien inextricable qui existe entre les êtres et les éléments naturels, entre les êtres et leurs héritages ancestraux. La partition de points nous raconte le récit mythologique de la création, celle de la nature mais aussi celle qui a été transmise et qui naît en et de chacun.e de nous.

Dorothy Napangardi, Salt on Mina Mina, 2007

Acrylique sur toile

168 x 244 cm

Collection Musée des Confluences, Lyon

Photo 1 : © musée des Confluences, Pierre-Olivier Deschamps - Agence VU’ © ADAGP

Photo 2 et 3 : © Constellations, vues de l’exposition « Soleils noirs », Louvre Lens, 2020

Visible dans l’exposition « Soleils noirs » présentée au Louvre Lens jusqu’au 25 janvier 2021

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