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LE MEILLEUR AMI DE L'HOMME

Chun Hua Catherine Dong, In Transition, #4, #15, #10, 2018

Vues de l'exposition « Human Learning », Centre culturel canadien, 2020

La série de photographies Transition de Chun Hua Catherine Dong se présente comme des souvenirs d’excursions. Entre l’artiste, toujours saisie en mouvement, et un robot, qui l’accompagne au fil de ses péripéties. Il nous semble alors assister à des scènes personnelles vécues par une femme et un robot dont on oublierait presque qu’il est robot. Il a un buste, des bras, des jambes, une tête. L’attention que lui porte l’artiste crée même de l’empathie à son égard : est-il sereinement allongé dans le sable ou secrètement en train de tomber et appelant au secours l’artiste ?

Des machines agricoles, des structures électriques, des rails, des éléments acier et électroniques sont pourtant bien présents et font écho à la nature robotique de ce compagnon si particulier. A la seule différence que, eux, sont sans vie. A l’arrêt. Comme perdus dans le paysage, à l’arrière-plan. Tandis que le robot acquiert grâce à ses articulations un mouvement, une présence physique et une puissance d’agir. Il est allongé, assis, debout. Il est acteur principal de la scène en train de se jouer. Et il a même un visage.

Le robot semble en effet avoir son point de vue propre sur les choses. Son visage est une plaque qui, à la façon d’un miroir, reflète le paysage et l’action qui se déroule sous ses yeux. Comme si la vision subjective du robot nous était donnée à voir, nous percevons son point de vue sur le monde. Une preuve de sa conscience d’être là.

Cette scène n’aura peut-être plus rien d’étonnant à l’avenir. Les machines ont déjà envahi notre quotidien sans que nous y prêtions attention. Les paysages « naturels » qu’investit l’artiste ici sont toujours déjà ordonnés par l’homme et la machine qu’il a créée. La présence technologique et industrielle se glisse insidieusement dans chacune des images : les infrastructures, les voitures, les rails sont bien présents mais elles n’attirent plus le regard. A tel point que l’on pourrait les oublier. La figure humaine, celle de l’artiste, est le seul témoin de l’humanité restant. Est-elle personnage principal ou secondaire ?

Sa présence nous rappelle en tout cas que la vie et l’empathie qu’elle crée chez le regardeur sont nécessaires pour l’activation du robot et notre identification à lui. Une partie du robot présentée physiquement dans l’exposition nous le rappelle : le robot est une sculpture à activer qui n’existe pas indépendamment de nous.

Chun Hua Catherine Dong, In Transition, #4, #15, #10, 2018

Robot par Bill Vorn

Tirages 81 x 102 cm

Visibles dans l’exposition « Human Learning » présentée au Centre culturel canadien jusqu’au 28 août 2020


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