Ursula Biemann, Acoustic Ocean, 2018
© Ursula Biemann
© Vues de l’exposition « Savoirs indigènes _ fictions cosmologiques », 2020L’installation vidéo d’Ursula Biemann nous plonge dans une atmosphère paisible, calme. Un moment où le jour n’est plus vraiment jour et la nuit pas encore vraiment nuit. Ce moment où les apparences se révèlent, où tout peut perdurer et en même temps se transformer.
Ce moment privilégié a été choisi par l’artiste pour réaliser une expérience. A l'aide de micros disposés dans l'eau et sur les roches, elle nous permet d’aller au-delà du monde visible pour entrer en dialogue avec l’écosystème qui nous entoure. Nous prenons conscience que la vie - animale, végétale, minérale - le plus souvent imperceptible, se joue sous nos yeux sans que nous la voyons. Elle suit son cours.
Indépendamment de notre volonté, la lumière du jour descendante se reflète sur l’eau au fur et à mesure que l’artiste met en place le procédé scientifique et nous baissons les yeux vers la surface de l’eau. La lumière du jour baisse. Elle fait echo au cycle infini des astres et de la vie qui perdure au-delà de l’existence humaine.
L’artiste nous invite à porter attention, à prêter l’oreille.
A l’aide des détecteurs qu’elle dispose dans l’eau, nous captons alors les sons émis par la vie sous-marine.
On perçoit alors des sons sourds, des signaux plus ou moins forts et perceptibles transmis par les espèces sous-marines. Comme des battements de cœur, les sons nous permettent d’entrer en contact avec l’autre, avec les entrailles du monde qui nous demeurent cachées et mystérieuses. Et qui ne demandent qu’à être reconnues et nommées comme un enfant à naître.
Cette installation s’inscrit en effet dans la lutte et le processus de reconnaissance des droits de la nature et des éléments qui constituent l’écosystème. L’installation vidéo est d’abord une expérience scientifique, qui permet de recenser et de donner une voix à cet écosystème, et une expérience sensorielle et intime qui lie chacun d’entre nous au vivant. Les sondes, présentées physiquement dans l’exposition, établissent ce lien.
Reste à s’en saisir et à écouter.
Ursula Biemann, Acoustic Ocean, 2018
Installation vidéo, son, 18min
Œuvre visible au sein des l’exposition « Savoirs indigènes _ fictions cosmologiques » présentée au MAMAC, Musée d’art moderne et contemporain de Nice jusqu’au 17 janvier 2021